dimanche 19 février 2017

L'Or dans l'Art contemporain

L'or est utilisé depuis l'Egypte Antique et fascine les artistes contemporains qui ne cessent de l'interroger et de l'utiliser dans leurs œuvres.





1/ L'or dans notre quotidien





Autour de nous il y a ces objets du quotidien un peu banals. Et pourtant quand on regarde ces chaussures, on leur donne de l'intérêt. Elles possèdent quelque chose de nouveau : de l'importance, de la poésie. 

Cet or nous donne l'impression que l'objet est devenu plus significatif/précieux.














Raynaud, lui, a choisi de prendre comme objet un pot. Si celui-ci l'a agrandi et disposé dans un lieu public important, la couleur dorée de l'oeuvre a son importance et son impact.























Toujours dans la ville, on retrouve l'or aussi sur le mobilier urbain comme ces escaliers de Chris Doyle. Ici ils évoquent les rêves des migrants à New York. L'or disparaît au fur et à mesure..comme leurs espoirs et rêves.







2/ L'or, ce matériau aux mille textures







 
  L'or est un matériau assez intéressant à travailler pour les artistes. La texture, la forme,.. est exploitée par les artistes. Kapoor a créer une oeuvre qui renvoie strictement ce qui l'environne.Quand on est placés loin d'elle l'espace se reflète strictement, mais lorsqu'on est proche notre corps est modifié, grossi, en distorsion. Il est comme aspiré par le miroir concave.





Cette toile de Christian Eckart n'a pas de fioritures, simplement des feuilles d'or et des formes crées sous l'influence de l'art abstrait, de l'économie du geste, et des nouveaux réalistes. Personnellement j'aime beaucoup ce jeu d'économie et de texture/relief.





 Rauschenberg, lui,  recouvre des feuilles de papier journal et autres éléments peu nobles avec de l'or. 

Si l'artiste donne à l'or une valeur moins précieuse qu'à l'accoutumée, celle-ci est pour moi riche de détails grâce à ce papier journal. Ces endroits lisses sont fripés, rocailleux, déchirés. Un véritable éventail de textures.












3/ Un matériau pour symboliser l'immatériel


















Klein utilisera 3 couleurs dans ses œuvres et dans sa vie. Elles se trouvent dans le feu et sont le rose, le bleu, et l'or.
Pour lui l'or symbolise l'immatériel, l'éternité.




















Chez Gino De Dominicis on retrouve aussi cette dimension spirituelle. 

Cette longue tige en équilibre semble être le lien entre notre monde et cet espace infini et indéfinissable. 















Ne manque t-il pas quelque chose ici ?
Un corps, non ?

Dans cette sculpture Orlan a enlevé le corps et  gardé que les drapés. Les plis et torsions du vêtement dévoilent un érotisme assez présent et même une passion charnelle.














3/ L'or au cœur des processus artistiques et plastiques



On peut se demander ce que c'est que ce truc rose qui semble avoir un peu rétrécit et cuit..

En fait c'est un polaroid d'un sapin de noël qui est frit avec de l'huile et de l'or. 

L'artiste, Matta-Clark, les a envoyé à ses amis dont Robert Smithson, Tina Girouard pour noël dans une petite boite dont à l'intérieur sont il adresse ses meilleurs vœux.


Dans l'oeuvre Automne de Caragliu, des feuilles d'or sont piégées dans un bloc de glace. L'or (conducteur) est emprisonné dans son résistant (l'eau). Au fur et à mesure du temps, la glace change d'état et fond sur son socle sans le faire déborder. Si dans son état final l'oeuvre peut être comparée à un tableau, elle interroge aussi la limite du cadre et le contrôle.  





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dimanche 12 février 2017

Expo Dali-Pixtot à Tournai


Je suis allée en Belgique faire une pause et j'en ai profité pour aller voir l'expo sur Dali-Pixtot à Tournai près de la frontière. Je vous montre..!




1/ Mes anciennes expériences Daliennes 





J'étais déjà allée à Figueres voir le musée Dali et en était ressortie assez charmée. C'est l'un des tout premiers musées d'art que j'avais fait petite et il avait plu à mes sens. C'était le premier artiste qui me faisait une vraie place dans son univers et ça m'amusait. 

On plissait les yeux pour voir ses tableaux, on se mettait au milieu pour voir cette grosse dame. Seul hic, il y avait beaucoup de monde, il fallait attendre beaucoup pour certaines œuvres. 
La perte de notre vieille guide Française dans la foule ne fût pas si dramatique que ça, au contraire ! On avait pu expérimenter tranquillement.




Quelques années plus tard, je m'étais rendue en Bourgogne au château de Pommard voir l'exposition Dali-Picasso où j'étais ressortie très déçue, ne voyant que des foulards graphiques et 5 sculptures pour 17 euros. C'était excessivement cher, le château veut conjuguer 'art' et vin, pas très réussi, superficiel. Ça ne plaît qu'aux bobos et touristes. Le but c'est de déguster et acheter.















2/ L'expo de Tournai : Ma 3e expérience





Déjà, quand on est dans le musée, on se retrouve face à un décor qui casse la vision classique des musées de Beaux-Arts. Ils sont souvent disons le, monotones et ennuyeux

Ici on se retrouve dans la salle centrale avec une installation curieuse, un œuf qui pend au milieu, des tableaux en plein milieu de la salle, orientés en biais. Au-dessus de nous des formes sur lesquels quelqu'un a marché. On marche sur la tête ? Non c'est quelqu'un d'autre.



















Ce miroir a appartenu à Dali. Il était dans sa demeure et l'a inspiré pour une de ses toiles : Le grand masturbateur (ci-dessous)

  On reconnait cette femme, les fleurs et les couleurs.





Pixtot est l'un des artistes qui a le plus influencé la vie et le travail de Salvadore Dali par ses trompes-l'oeil, ses pierres,..d'où sa place dans l'exposition.
On lui donnerai des airs d'Arcimboldo à cette nature-morte/sculpture, non ?



Dans cette toile, ce ne sont pas que des formes rocheuses et minérales. Elles représentent également d'autres choses de la réalité. Ici le titre nous dévoile le contenu : il s'agit d'un nu debout formé par la surface obscure des écueils.


Dans cette autre oeuvre Pierre de Cadaques,  on y voit des choix de texture qui offrent plus de dimensions. Sur ce gros plan on peut se rendre compte qu'elle participe entre autres aux jeux de lumières. 

Vous m'excuserez, mon cadrage n'est pas très droit mais ça semble s'arranger après !













Après ses œuvres on trouve des photographies de son atelier dans lesquelles il apparaît parfois. Pour peindre ses toiles il apportait et assemblait dans son atelier des pierres. Elles lui servaient de modèle.


De l'autre coté (dans les Origines de la Tragédie), on trouve ce tableau de Friedrich, ce peintre romantique. Le point commun entre Pixtot, Dali et Friedrich c'est que dans leurs paysages peints, il y a une autre dimension, une dimension intérieure. Il y a aussi ces paysages rocailleux qui les lient tout particulièrement.

Dans son ouvrage L'origine de la Tragédie, Nietzsche explique que dans le monde et l'art il y a deux forces : le chaos, la laideur  et l'ordre, la beauté. 
(Gravure de Durer, Le triomphe de la Mort)


Dali apparaît aussi dans cet univers de chaos, de mort. Cette oeuvre est peu lisible, toute de noir on ne distingue rien. Je l'ai tout de même prise en photo et là j'ai vu s’apparaître sur mon appareil un cheval et cet homme. J'apprécie beaucoup cette oeuvre.



Puis nous retombons sur notre vieil ami Pixtot. Je ne vous les met pas toutes, je pense qu'on a compris sa démarche. Mais celle-ci m'a rappelé une oeuvre de Marcel Duchamp.












Ce petit topo prend fin. Le truc cool après une visite longue et sportive, c'est la visite de la ville + manger une petite crêpe !



3/ Promenade dans Tournai




Les photos ne sont pas de très bonne qualité car elles ont été prises avec mon portable. Mais bon, ça donne un aperçu. 
On dirait que c'est désert mais c'est en réalité plus vivant que mes photos ne le laisse penser.
















Une bonne journée à vous !

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samedi 28 janvier 2017

Expo au Musée d'Art Contemporain de Lyon

Je suis allée grâce à France culture voir les expos du moment au MAC de Lyon. Je vous fais un retour ! 





1/  Les fresques du 1er étage (Wall drawings)



Les artistes sont venus produire des œuvres -habituellement réalisées dehors- à l'intérieur, dans l'espace privé du musée. Le musée parle d'intra-muros, quelle expression intéressante sous bien des aspects.




















Cette fresque de Wenna Jing m'a happé dès le début par sa grandeur, ses couleurs et son style. Par un monstre hybride, l'artiste a mélangé les deux symboles des villes de Lyon et de la Chine. On y voit la tête du lion sur un corps de dragon. En fait, chaque personnage et chaque élément symbolise quelque chose.











Dans la même salle il y a cette tête vue de dos et  cet étroit couloir : Plus on avance, plus l'espace rétrécit. Quand on entre la pénétration se fait au rythme des couleurs qui rappellent un peu celles des chakras, puis on quitte cet espace pour entrer pleinement à l'intérieur de sa tête, et en même temps en sortir.




















Alors qu'en face se trouve des fresques colorées, c'est celle-ci en noir et blanc qui attrape mon regard. L'oeuvre a des allures de paysages, de vagues, de tempêtes, mais en même temps de jungle. Si de loin l'oeuvre me rappelle Hokusai ou encore le Douanier-Rousseau, de près on observe des corps. L'artiste (Charley Case) aborde le sujet de migrants dans sa fresque.













En face  ces autres fresques qui répondent à un autre style graphique allant dans le géométrique.






Pour finir sur cet étage je resterais sur cette oeuvre qui recouvre, contrairement aux autres, le plafond le sol et les murs. On se retrouve dans un espace vécu. La particularité est la/les couleur(s) : par l'appareil photo les tons changent, ils donnent l'impression d 'être dans l'espace alors que sans, les couleurs nous permettent d’être dans un espace plus terre à terre. Cela participe davantage à un espace vécu et à d'autres sensations. 
Je l'ai trouvé assez agréable. On passe d'une réalité à une autre qui est plus éloignée du temps et plus personnelle à l'artiste. J'ai trouvé qu'il y avait trop de monde dans l'espace, ce qui m'a déplu car ça nuisait à cette envie de vivre l'oeuvre.




2/ Etage 2 "Le bonheur de deviner peu à peu"



"Nommer un objet, c'est supprimer les trois quarts de la jouissance du poème qui est faite du bonheur de deviner peu à peu : le suggérer, voilà le rêve. C'est le parfait usage de ce mystère qui constitue le symbole : évoquer petit à petit un objet pour montrer un état d’âme ou, inversement, choisir un objet et en dégager un état d’âme, pour une série de déchiffrements."

C'est la citation qu'il y avait au début de l'étage. Je vous la met car elle permet de mieux comprendre le fil rouge de l'exposition.



Parmi les œuvres qui ont retenu mon attention cette installation de Cal Guo-Qiang qui mêle culture occidentale  et japonaise. On arrive dans une salle où des oiseaux volent au-dessus de nos têtes et viennent nous voir, c'est sympa..en me promenant j'ai vu ce jacuzzi, Mais pourquoi un jacuzzi au juste ? En fait, avec les autres éléments, il renvoi aux bains japonais. L'artiste souhaitait que les visiteurs viennent se baigner dedans, mais cela est impossible du fait de nos réglementations françaises liées à la sécurité et l'hygiène. 



L'oeuvre Éboulement de Jean-Luc Parant est celle qui m'a le plus intriguée. La collection évolue et s'enrichie depuis 1991. Plusieurs séries d'éboulements existent. Ici on y voit les boules de pierre, leur ombre, leur portrait dans la lumière et leur propre tableau au plafond.                                                                 Je trouve cette oeuvre assez intéressante car elle joue sur les formats, le 2D, le 3D, on a envie d'errer entre les pierres, d'aller voir les tableaux de plus près, de se promener et se laisser imprégner d'une atmosphère forte. Mais malheureusement nous devions rester devant, à contempler un travail de loin..


Ce squelette appartient à celui de Sally Ride (Astronaut Jesus), une astronaute qu'on a souhaité faire oublier de l'Histoire à cause de son orientation sexuelle. L'artiste Tavares Strachan  travaille sur les pionniers oubliés et rejetés. Tout ce qui touche au corps m'intéresse depuis peu (les squelettes, maladies, systèmes autonomes,..) Alors forcément je la met dans ma sélection!

A gauche une sculpture de son corps (Chalk desk and chair) et de son système cardio-vasculaire tandis qu'à droite se trouve une sculpture en craie qui rappelle son passé d'écolière, ses rêves d'enfants, mais qui pose la question de l'histoire et de son partage dans l'Ecole.



Dans cette installation Orlan présente des opérations-performances dans lesquelles elle fait modifier son corps en salle de chirurgie et lit des textes. Elle dénonce la violence que la femme s'inflige à cause des diktats de la beauté                                        (Un peu de temps...et nous ne me verrez plus...encore un peu de temps...et vous me verrez..., 1995,Orlan)

Cette dernière oeuvre se trouve dans l'escalier qui mène au troisième étage consacré à toutes les œuvres de Jan Fabre. Je trouve qu'elle fait bien la transition avec ce que nous allons voir...



3/ Dernier arrêt : Jan Fabre




A partir de cet étage je dois dire que j'ai eu plus de mal à apprécier, il est vrai qu'une oeuvre n'est pas faite spécialement pour plaire aux sens, mais plus pour aborder de manière artistique et plastique la réalité. Dans les œuvres de Jan Fabre une partie dérange, perturbe, ... et dans les œuvres vues à cet étage je dois dire que j'ai été un peu perturbée par les violences infligées au corps. J'aurais souhaité d'ailleurs qu'un panneau d'avertissement soit présent, pour avertir un public sensible, de jeune âge, ou autre.


Quand on entre on se retrouve une organisation 'capharnaüm' (qui était plus ou moins la même lors de l'exposition sur Yoko Ono au même étage).                                                                 On trouve difficilement l'ordre, les cartels, le sens,..Cette organisation 'fous-y tout'  me semblait facile pour le Musée et difficile pour le public. Cependant en tentant de comprendre ce qui m'échappait je suis tombée sur une interview qui répondait à quelques-une de mes interrogations (pouvant éventuellement légitimer cette organisation) : 

"Germano Celant : L'intégralité de l'exposition Stigmata tourne autour de cet instrument [la table], qui crée un espace à la fois plat et transparent, une sorte de plan d'eau,[...] sur lequel flottent des objets comme autant de fragments de vos performances- des costumes aux enregistrements, des photographies aux dessins. Que représente la table pour vous ? Est-ce un outil symbolique ? 

Jan Fabre : Pour moi, la table est une sorte de scène, un territoire, une frontière[...] La table sur laquelle je travaille chez moi, c'est celle que je me suis bricolée à 18 ans avec une plaque de verre et deux tréteaux de bois. J'avais conçu cette table avec trois fois rien pour des raisons pratiques [...] Pour moi cette table est un outil de travail majeur dont le format a inspiré ceux des grands dessins de la série The Hour Blue [...]Je suis très satisfait de la solution que nous avons trouvée tous les deux, car l'exposition exprime la fluidité de mon oeuvre, son processus en constante évolution et mon choix systématique pour l'expérimentation"





On passe du tréteau à la table ! Dans une performance l'artiste ponce le pied de table puis ensuite se ponce sa jambe jusqu'au sang. La violence infligée au corps et la souffrance font partie des axes de recherche de l'artiste. 



Dans ces performances Jan Fabre a filmé ses tortues. La vidéo présente deux de des performances dont l'une dans laquelle il pose des bougies sur leur dos. Il fait référence au temps et à la vélocité (Zeno X, performance with my turtoises Janneke à Mieke, 1978-1981).



Au-dessus de chaque oeuvre se trouve un texte, un poème en lien avec l'oeuvre présentée. Par exemple ici l'artiste a réalisé une performance où l'Homme est un peu un bousier. Le texte présenté ci-dessus est pour un ami qui va mourir.
  



Pour résumer l'ensemble des expositions du MAC, je dirais que le 1er étage fût celui qui flatte le plus les sens, tandis que les autres nous emmènent progressivement dans des réflexions et réalités particulières.

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