samedi 28 janvier 2017

Expo au Musée d'Art Contemporain de Lyon

Je suis allée grâce à France culture voir les expos du moment au MAC de Lyon. Je vous fais un retour ! 





1/  Les fresques du 1er étage (Wall drawings)



Les artistes sont venus produire des œuvres -habituellement réalisées dehors- à l'intérieur, dans l'espace privé du musée. Le musée parle d'intra-muros, quelle expression intéressante sous bien des aspects.




















Cette fresque de Wenna Jing m'a happé dès le début par sa grandeur, ses couleurs et son style. Par un monstre hybride, l'artiste a mélangé les deux symboles des villes de Lyon et de la Chine. On y voit la tête du lion sur un corps de dragon. En fait, chaque personnage et chaque élément symbolise quelque chose.











Dans la même salle il y a cette tête vue de dos et  cet étroit couloir : Plus on avance, plus l'espace rétrécit. Quand on entre la pénétration se fait au rythme des couleurs qui rappellent un peu celles des chakras, puis on quitte cet espace pour entrer pleinement à l'intérieur de sa tête, et en même temps en sortir.




















Alors qu'en face se trouve des fresques colorées, c'est celle-ci en noir et blanc qui attrape mon regard. L'oeuvre a des allures de paysages, de vagues, de tempêtes, mais en même temps de jungle. Si de loin l'oeuvre me rappelle Hokusai ou encore le Douanier-Rousseau, de près on observe des corps. L'artiste (Charley Case) aborde le sujet de migrants dans sa fresque.













En face  ces autres fresques qui répondent à un autre style graphique allant dans le géométrique.






Pour finir sur cet étage je resterais sur cette oeuvre qui recouvre, contrairement aux autres, le plafond le sol et les murs. On se retrouve dans un espace vécu. La particularité est la/les couleur(s) : par l'appareil photo les tons changent, ils donnent l'impression d 'être dans l'espace alors que sans, les couleurs nous permettent d’être dans un espace plus terre à terre. Cela participe davantage à un espace vécu et à d'autres sensations. 
Je l'ai trouvé assez agréable. On passe d'une réalité à une autre qui est plus éloignée du temps et plus personnelle à l'artiste. J'ai trouvé qu'il y avait trop de monde dans l'espace, ce qui m'a déplu car ça nuisait à cette envie de vivre l'oeuvre.




2/ Etage 2 "Le bonheur de deviner peu à peu"



"Nommer un objet, c'est supprimer les trois quarts de la jouissance du poème qui est faite du bonheur de deviner peu à peu : le suggérer, voilà le rêve. C'est le parfait usage de ce mystère qui constitue le symbole : évoquer petit à petit un objet pour montrer un état d’âme ou, inversement, choisir un objet et en dégager un état d’âme, pour une série de déchiffrements."

C'est la citation qu'il y avait au début de l'étage. Je vous la met car elle permet de mieux comprendre le fil rouge de l'exposition.



Parmi les œuvres qui ont retenu mon attention cette installation de Cal Guo-Qiang qui mêle culture occidentale  et japonaise. On arrive dans une salle où des oiseaux volent au-dessus de nos têtes et viennent nous voir, c'est sympa..en me promenant j'ai vu ce jacuzzi, Mais pourquoi un jacuzzi au juste ? En fait, avec les autres éléments, il renvoi aux bains japonais. L'artiste souhaitait que les visiteurs viennent se baigner dedans, mais cela est impossible du fait de nos réglementations françaises liées à la sécurité et l'hygiène. 



L'oeuvre Éboulement de Jean-Luc Parant est celle qui m'a le plus intriguée. La collection évolue et s'enrichie depuis 1991. Plusieurs séries d'éboulements existent. Ici on y voit les boules de pierre, leur ombre, leur portrait dans la lumière et leur propre tableau au plafond.                                                                 Je trouve cette oeuvre assez intéressante car elle joue sur les formats, le 2D, le 3D, on a envie d'errer entre les pierres, d'aller voir les tableaux de plus près, de se promener et se laisser imprégner d'une atmosphère forte. Mais malheureusement nous devions rester devant, à contempler un travail de loin..


Ce squelette appartient à celui de Sally Ride (Astronaut Jesus), une astronaute qu'on a souhaité faire oublier de l'Histoire à cause de son orientation sexuelle. L'artiste Tavares Strachan  travaille sur les pionniers oubliés et rejetés. Tout ce qui touche au corps m'intéresse depuis peu (les squelettes, maladies, systèmes autonomes,..) Alors forcément je la met dans ma sélection!

A gauche une sculpture de son corps (Chalk desk and chair) et de son système cardio-vasculaire tandis qu'à droite se trouve une sculpture en craie qui rappelle son passé d'écolière, ses rêves d'enfants, mais qui pose la question de l'histoire et de son partage dans l'Ecole.



Dans cette installation Orlan présente des opérations-performances dans lesquelles elle fait modifier son corps en salle de chirurgie et lit des textes. Elle dénonce la violence que la femme s'inflige à cause des diktats de la beauté                                        (Un peu de temps...et nous ne me verrez plus...encore un peu de temps...et vous me verrez..., 1995,Orlan)

Cette dernière oeuvre se trouve dans l'escalier qui mène au troisième étage consacré à toutes les œuvres de Jan Fabre. Je trouve qu'elle fait bien la transition avec ce que nous allons voir...



3/ Dernier arrêt : Jan Fabre




A partir de cet étage je dois dire que j'ai eu plus de mal à apprécier, il est vrai qu'une oeuvre n'est pas faite spécialement pour plaire aux sens, mais plus pour aborder de manière artistique et plastique la réalité. Dans les œuvres de Jan Fabre une partie dérange, perturbe, ... et dans les œuvres vues à cet étage je dois dire que j'ai été un peu perturbée par les violences infligées au corps. J'aurais souhaité d'ailleurs qu'un panneau d'avertissement soit présent, pour avertir un public sensible, de jeune âge, ou autre.


Quand on entre on se retrouve une organisation 'capharnaüm' (qui était plus ou moins la même lors de l'exposition sur Yoko Ono au même étage).                                                                 On trouve difficilement l'ordre, les cartels, le sens,..Cette organisation 'fous-y tout'  me semblait facile pour le Musée et difficile pour le public. Cependant en tentant de comprendre ce qui m'échappait je suis tombée sur une interview qui répondait à quelques-une de mes interrogations (pouvant éventuellement légitimer cette organisation) : 

"Germano Celant : L'intégralité de l'exposition Stigmata tourne autour de cet instrument [la table], qui crée un espace à la fois plat et transparent, une sorte de plan d'eau,[...] sur lequel flottent des objets comme autant de fragments de vos performances- des costumes aux enregistrements, des photographies aux dessins. Que représente la table pour vous ? Est-ce un outil symbolique ? 

Jan Fabre : Pour moi, la table est une sorte de scène, un territoire, une frontière[...] La table sur laquelle je travaille chez moi, c'est celle que je me suis bricolée à 18 ans avec une plaque de verre et deux tréteaux de bois. J'avais conçu cette table avec trois fois rien pour des raisons pratiques [...] Pour moi cette table est un outil de travail majeur dont le format a inspiré ceux des grands dessins de la série The Hour Blue [...]Je suis très satisfait de la solution que nous avons trouvée tous les deux, car l'exposition exprime la fluidité de mon oeuvre, son processus en constante évolution et mon choix systématique pour l'expérimentation"





On passe du tréteau à la table ! Dans une performance l'artiste ponce le pied de table puis ensuite se ponce sa jambe jusqu'au sang. La violence infligée au corps et la souffrance font partie des axes de recherche de l'artiste. 



Dans ces performances Jan Fabre a filmé ses tortues. La vidéo présente deux de des performances dont l'une dans laquelle il pose des bougies sur leur dos. Il fait référence au temps et à la vélocité (Zeno X, performance with my turtoises Janneke à Mieke, 1978-1981).



Au-dessus de chaque oeuvre se trouve un texte, un poème en lien avec l'oeuvre présentée. Par exemple ici l'artiste a réalisé une performance où l'Homme est un peu un bousier. Le texte présenté ci-dessus est pour un ami qui va mourir.
  



Pour résumer l'ensemble des expositions du MAC, je dirais que le 1er étage fût celui qui flatte le plus les sens, tandis que les autres nous emmènent progressivement dans des réflexions et réalités particulières.

______________________________________________________