samedi 17 décembre 2016

Week end à Paris #2 : Tino Sehgal au Palais de Tokyo


Le musée a invité l'artiste Tino Sehgal à investir les lieux. Pour cela le palais de Tokyo lui a laissé carte blanche ( c'est le nom de l 'exposition).


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A l'entrée on se retrouve face à un long rideau de perles ( de Felix Gonzales-Torres) qui s'étend sur toute la largeur de l'entrée qui est malmené par les enfants. Habituellement à cet endroit ce sont les caisses, pour l'occasion ou pour le changement celles-ci ont déménagé sur le côté. Ce qui fait qu'on se retrouve face à l'oeuvre dès l'entrée. Comme si elle apportait une transition vers un univers particulier.
Puis on entre, on aperçoit une foule qui fait la queue comme  pour une attraction. Le plafond est couvert de points de couleurs, de gros points, tandis que les murs sont recouverts de miroirs. Je continue d'avancer, je descends, me retrouve nez à nez avec une performance (These Associations, 2012). Plusieurs performers dans l'espace, le spectateur acteur et presque performer confondu avec. Qui est performer ? Tantôt on les voit courir dans l'espace comme s'ils jouaient au loup (mais sans se toucher), puis après ils chantent dans une langue étrange. L'ambiance est religieuse, les chants ressemblent à des mantras.
Lorsque le silence refait surface, on entend des chants et des percussions au loin. On s'approche de ces bruits, on entre dans un grand couloir où l'obscurité se fait de plus en plus présente. On ne voit pas où on se dirige, si on marche sur quelqu'un,.., c'est un peu angoissant. Nous sommes pleins de fourmis dans le noir, ça se déplace, ça grouille (This variation,2012). J'entre plus encore, je me déplace, vais au centre de la pièce. Le rythme et les percussions sont plus encore écoutés et ressentis du fait d'être dans le noir, la vue paralysée, nos autres sens s'éveillent. Un pied commence à taper du pied, la jambe commence à danser. L'ambiance invite au lâcher prise.
DSC_1123.JPGUne autre oeuvre toujours au sous-sol : celle de Pierre Huyghes (Living cancer variator, 2016)  où nous entrons dans un espace où de l'eau coule par terre, des néons s'allument et s'éteignent avec une certaine difficulté. On entend des bruits, il fait sombre. Les conditions de l'espace sont une sorte d’algorithme qui induit des maladies. l'environnement fait varier les conditions de développement de cancer. L'espace créer une sorte de terrasse sur un lieu plus bas où de l'eau coule plus encore sur le sol grâce aux tuyaux de l'architecture.

Je remonte au niveau O, j'ai du temps pour cette performance où la queue est longue et dure 1 heure.. Malgré les deux heures d'attente pour les catacombes ce matin là, j'y vais quand même. L'attente est longue, mais l’œil et les sens s'amusent en attendant avec les je(ux) de formes et des miroirs, ça créer une nouvelle dimension (Buren). J'attends, j'attends..ça y est ! mon tour.. un enfant vient nous voir, si on est seul on y  va seul, si on est avec des amis on y va ensemble (This progress, 2006). Je suis seule, un garçon me tend sa main, je la lui serre, nous entrons dans cette immense salle. 
DSC_1132.JPGIl me pose une question : "qu'est ce que le progrès ?" je lui répond que c'est une évolution dans le bon sens du terme. Il continue à me questionner, "Pourquoi dites vous cela ?" etc, puis ensuite une autre personne plus âgée nous rejoint, l'enfant lui donne mes réponses.                             Nous continuons à marcher et à discuter vers une nouvelle salle. Je cherche à avoir des informations sur la performance, gênée elle ne me dit rien, je n'en saurais pas plus que ce que je vis. 
La troisième personne est un jeune homme, celui-ci me questionne : "Ecrivez-vous des cartes postales ?" je lui répond  et celui-ci s'extasie  : "moi aussi", "Etes -vous gauchère ?" "Oh moi aussi", je lui demande donc d'écrire un mot dans mon petit cahier de notes avec ses deux mains, puis nous nous quittons. 
Nouvelle salle, une dame âgée vient me voir, me pose une question( encore des questions ?) si je n'aime pas certaines choses..et m'explique ce qu'elle n'aime pas et me décris pourquoi elle n'aime pas. N'aimant pas cette discussion je coupe court, préférant nettement mes anciens échanges. Nous nous quittons à une porte. 
Je sors et me retrouve au sous-sol vers les performers. c'est une performance qui m'a marqué, les personnes s'intéressent à ce que l'on pense, ce que l'on ressent, les échanges ne sont pas superficiels et nous ressortons avec des discussions qui ont et nous ont fait évolué. (Des discussions plus tournées vers nous parfois). La métaphore de l'évolution se ressent par les différentes salles dans lesquelles nous entrons, mais aussi par les différents âges et les discussions.